Trois singes en hiver

A Phnom Penh, capitale du Cambodge, les mois de décembre et de janvier sont les moins chauds de l’année. Certains résidents khmers disent même que pour eux c’est l’hiver. Les températures peuvent descendre autour de 20°C mais cela est rare. La plupart du temps en climat tropical, il fait très chaud, le thermomètre dépasse régulièrement les 30°C avec des records de plus de 40°C entre les mois de mars et de mai.

Un lieu de verdure, très fréquenté par les habitants et les touristes, se situe au centre historique de Phnom Penh. Une petite colline est surmontée du temple Wat Phnom qu’on peut gravir par un escalier situé au sud, c’est-à-dire du côté du fleuve Tonlé Sap.

Parc ombragé autour du Wat Phnom

Tout autour de cette colline sacrée, des arbres élancés forment une voûte ombragée permettant aux promeneurs de se rafraichir aux heures méridiennes quand le soleil est au zénith. La plupart de ces arbres centenaires ont été plantés du temps du protectorat français à l’époque de l’Indochine Française qui comprenait le Laos, le Cambodge, l’Annam, la Cochinchine et le Tonkin. C’était entre 1863 et 1953 année de l’Indépendance proclamée par Norodom Sihanouk, roi du Cambodge.

Un peu plus près du grand fleuve, se trouve l’ancien quartier français avec la Poste, le Commissariat de Police, le cadastre, le bâtiment des douanes, la banque d’Indochine, et le Grand Hôtel. Tous ces bâtiments ont été construits à la fin du 19ème et début du 20ème siècle.

Dans ce quartier chargé d’histoire, on aperçoit souvent des macaques en liberté, haut perchés dans les arbres, mais aussi dans les édifices. A proximité du quartier français, les rue 102 et 106 ont leur préférence.  Souvent affamés ils sont à la recherche constante de nourriture. Ce qui parfois, entrainent des situations cocasses lorsqu’ils tentent de voler les passants qui ont des fruits dans leurs cabas. Le vieux marché (Psar Chah) n’est en effet pas loin, à l’angle des rues 108 et 13 dans le quartier chinois.                                               

Trois singes en hiver 2004 (Place de la Poste)

 Pour traverser les rues, contrairement aux piétons, les singes utilisent les fils électriques ou téléphoniques, ce qui leur donne plus de sécurité tant au niveau du trafic que de la population.

DVD City of Ghosts

Dans le film de 2002 « City of Ghosts » avec Matt Dillon, James Caan et Gérard Depardieu, un singe grimpe le long de l’ancien commissariat transformé en hôtel Belleville pour les besoins du scénario.

L’ancien commissariat devenu hôtel Belleville dans City of Ghosts

L’animal effronté vole les Ray Ban de l’acteur et se sauve en vitesse, très satisfait de son larcin. Matt Dillon se plaint alors auprès du tenancier du Belleville, mais le patron, Gérard Depardieu, l’assure qu’il n’y a pas de singe dans son hôtel. (8 Dollars la nuit avec une climatisation qui ne marche pas) !

En 2009, suite à de nombreux incidents avec des touristes au Watt Phnom, et des passants dans la rue 102, le gouverneur du district a mis leur tête à prix : 250 US dollars pour chaque animal fauteur de trouble.  Une femme qui faisait son jogging a été agressée et blessée à la tête par deux singes rebelles dans la rue 106. C’est un incident de trop, les grands moyens vont être mis en œuvre pour faire disparaitre tous ces primates jugés dangereux.

Macaque autour du Wat Phnom

« Macaca fascicularis » ou macaque crabier à face rouge est originaire du Sud Est Asiatique. Il se nourrit de crabes quand il est en bord de mer, mais son régime est omnivore et opportuniste. Il vit en communauté de 5 à 60 individus et il pose souvent problème lors d’interactions nuisibles à l’homme. Les mâles peuvent peser 6 kg, les morsures de ces singes peuvent être très dangereuses pour l’homme.

Je me remémore le livre d’Antoine Blondin, « Un singe en hiver », et j’imagine comme dans le roman, une opération pacifique pour rapatrier tous ces macaques dans leurs forêts d’origine au Mondolkiri ou au bord du Pacifique près de la ville de Kep où le crabe est abondant.

« En Inde ou en Chine, l’hiver, des singes égarés se réfugient dans les villes où ils n’ont rien à faire. Ils sont arrivés là par curiosité, par peur ou par dégoût. Alors, comme les habitants croient que même les singes ont une âme, ils donnent de l’argent pour qu’on les ramène en train dans leurs forêts natales où ils ont leurs habitudes et leurs amis. » Antoine Blondin (1959)                                                                                      

Jim- Phnom Penh (Décembre 2009)

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